Discours buste de Louis DELGRES
Monsieur le Maire,
Mes chers collègues, membres du Conseil Municipal, Monsieur le Président de l’association TOUT MONDE, Mesdames et messieurs,
Je vous remercie d’avoir accepté l’invitation de la ville de Petit-Bourg à l’occasion de la cérémonie de commémoration des luttes pour l’abolition de l’esclavage.
Nous rendons, ici, hommage à Louis DELGRES, qui a marqué l’histoire de la Guadeloupe. Nous célébrons un héros, un symbole de la résistance jusqu’à la mort contre la traite, contre l’esclavage, contre le racisme et contre l’asservissement.
Louis DELGRES détenait un pouvoir. Ce pouvoir d’homme noir, Louis DELGRES savait lui imprimer une fermeté de ton, une volonté, une conviction indispensables. Il a fait bouger les lignes, en s’opposant vaillamment à ceux qui voulaient définitivement casser la Guadeloupe.
Dans la déclaration du 10 mai 1802, il décrivait un idéal. Il nous indiquait la voie.
« Citoyens de Guadeloupe, ... la résistance à l’oppression est un droit naturel, la dignité même ne peut être offensée que si nous défendons notre cause : elle est celle de la justice et de l’humanité ».
Ecoutons ce « dernier cri de l’innocence et du désespoir », cet appel fondateur d’une présence antillaise au monde, d’une identité nouvelle, fondée sans droit du sol, sur les racines profondes et légitimes de la liberté pour tous et de l’égalité pour chacun.
Imprégnons-nous de son message généreusement adressé à « l’univers entier », à vous, à nous... Un message de courage, d’engagement jusqu’à l’extrême.
Louis DELGRES avait un rapport exemplaire au pouvoir : un pouvoir que DELGRES exerçait pour servir son pays – sans l’idolâtrer, sans s’abaisser jamais à en devenir dupe.
Tant et si bien, qu’après avoir lutté un peu partout dans la Caraïbe (Sainte Lucie, Saint Vincent...), après avoir été fait prisonnier, après être monté en grade, quand il a fallu choisir entre la résignation et la lutte. Il a choisi son pays, la Guadeloupe.
OUI, DELGRES a osé dire NON à la tyrannie, qui s’est surpassée sur cette terre de Guadeloupe, tout particulièrement durant cette période du rétablissement de l’esclavage en 1802.
Il a dit NON à l’oppresseur, qui, pour asservir, s’est attaqué sans vergogne à notre humanité, à la langue de nos ancêtres et à leur « être »... en les empêchant d’écrire, en interdisant leurs chants et leurs tambours, en leur déniant tout droit à la mémoire et à sa transmission.
Mais l’identité guadeloupéenne a triomphé. Elle ne s’est pas forgée dans la soumission de l’esclave à l’esclavage, mais au contraire par la résistance à tout asservissement du corps et de l’âme.
Louis DELGRES comme d’autres : Ignace, Solitude, Gertrude... ainsi que les nègres marrons furent de véritables combattants de la liberté et les bâtisseurs de notre société.
Au delà de leur mort, de leur sacrifice... Leur engagement, leurs combats, leurs vies, proclament leur enracinement sur cette terre, leur envie de justice et de liberté, la certitude qu’une postérité adviendra après les larmes et le sang, la conviction que leur lutte ne sera pas vaine et servira de fertilisant, de socle à une société nouvelle. A des hommes nouveaux.
Notre histoire. C’est la leur.
Notre histoire. C’est l’histoire des luttes pour l’abolition de l’esclavage, c’est l’histoire d’un crime qui a été vaincu.
Notre histoire. C’est l’histoire d’une résistance puissante qui, a édifié un nouveau monde, une humanité nouvelle qui, depuis plus d’un siècle, constitue un ferment, un puissant modèle d’avenir pour chacune et chacun d’entre nous.
Je vous remercie de votre précieuse attention.